Collecter l'urine dans les toilettes publiques

Mettre en place des systèmes de collecte d’urine dans les toilettes publiques permet donc de réduire notre dépendance aux engrais de synthèse, dont la production est énergivore et émettrice de gaz à effet de serre.



Une mesure oubliée par les politiques depuis trop longtemps

La collecte et la valorisation de l’urine dans les toilettes publiques ne sont pas des idées nouvelles. Depuis des décennies, des chercheurs, associations et urbanistes rappellent que ce liquide, riche en nutriments essentiels, pourrait devenir un engrais naturel et local. Pourtant, les responsables politiques des villes n’ont pas su ou pas voulu mettre en place de tels systèmes à grande échelle.

Cette inaction représente un double gaspillage :

Un gaspillage d’eau potable, car chaque chasse d’eau dilue des litres d’eau précieuse avec de l’urine, avant d’envoyer le tout dans des stations d’épuration énergivores.

Un gaspillage de nutriments, puisque l’azote, le phosphore et le potassium de l’urine pourraient fertiliser nos sols au lieu de finir comme polluants dans les rivières et les lacs.

Si de telles mesures avaient été adoptées il y a vingt ou trente ans, les villes auraient déjà réduit des milliers de tonnes d’émissions de CO₂ liées à la fabrication d’engrais chimiques, et préservé des milliards de litres d’eau potable. Au lieu de cela, les politiques ont privilégié des solutions coûteuses et polluantes, contribuant indirectement au dérèglement climatique.

Aujourd’hui, face à l’urgence climatique et à la raréfaction des ressources, il est temps de corriger cette erreur historique. Installer des systèmes de collecte d’urine dans les toilettes publiques n’est pas seulement une innovation écologique : c’est un geste de bon sens, qui aurait dû être généralisé depuis longtemps.

L’urine humaine, souvent perçue uniquement comme un déchet, est en réalité une ressource naturelle précieuse. Riche en azote, phosphore et potassium – les trois principaux nutriments utilisés dans les engrais – elle peut remplacer avantageusement une partie des fertilisants chimiques issus de l’industrie pétrochimique.

En valorisant l’urine, on entre dans une logique d’économie circulaire : un “déchet” devient une ressource utile à l’agriculture.

Les bénéfices écologiques sont multiples :

Diminution des pollutions : en évitant que l’urine se mélange aux eaux usées, on limite les rejets de nutriments dans les cours d’eau, responsables d’eutrophisation et d’asphyxie des milieux aquatiques.

Économie d’énergie et de ressources : produire des engrais minéraux demande d’importantes quantités d’énergie fossile, alors que l’urine est disponible localement, en continu, et gratuitement.

Contribution à une agriculture plus durable : utilisée après un traitement adapté (hygiénisation, dilution, compostage), l’urine devient un engrais naturel et sûr, qui enrichit les sols sans produits chimiques ajoutés.

Au-delà de l’aspect technique, la collecte d’urine dans les toilettes publiques invite à repenser nos modèles : au lieu de jeter, nous valorisons. Elle illustre parfaitement comment des gestes du quotidien peuvent, à grande échelle, réduire notre empreinte écologique et contribuer à une gestion plus durable des ressources.

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